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A la rencontre du Coordinateur scientifique du Réseau FrancophoNéA

Présentation

Je suis Giovanni AGRESTI, Coordinateur Scientifique de FrancophoNéA, Professeur des Universités en Sciences du Langage à l’Université Bordeaux Montaigne. Mon laboratoire est l’UMR 5478 IKER (« Langues et textes basques »).
Je m’occupe principalement de la documentation des langues en danger, de leur « revitalisation » et du binôme linguistique et développement, dans le cadre de la sociolinguistique, des politiques linguistiques et éducatives et des droits linguistiques. La (F/f)rancophonie est également au coeur de mes intérêts scientifiques.

Pouvez-vous nous parler de quelques projets de recherche sur lesquels vous avez travaillé ?

Récemment, j’ai travaillé notamment à un projet de recherche européen (programme « Europe Créative ») qui a été reconduit quatre fois et qui s’appelle Tramontana. Ce projet porte sur le collectage, l’analyse et la restitution de la mémoire orale des espaces de montagne d’Europe.
Actuellement je coordonne l’unité francophone (bordelaise) d’un projet (2020-2022) qui lie linguistique, architecture et didactique des langues, c’est le projet Erasmus+ SEAH (Sharing European Architectural Heritage). Ensuite, il y a tout un chantier de recherches concernant la linguistique pour le développement dont je suis le coordonnateur pour ce qui est d’un réseau international qui s’appelle POCLANDE (Populations Cultures Langues et Développement).

Pourquoi avoir créé un Réseau FrancophoNéA ?

C’est un réseau régional de recherche impulsé et financé par la Région Nouvelle-
Aquitaine, il y en a plusieurs de ces réseaux à l’heure actuelle. Leur vocation est de fédérer les établissements universitaires de Nouvelle-Aquitaine autour de thèmes et enjeux de taille et d’actualité. Notre réseau FrancophoNéA porte sur les francophonies. Nous avons bien voulu mettre cela au pluriel et user d’une lettre initiale minuscule, il faut pour nous, penser les francophonies dans une perspective très large et très dialectique. Cette approche a suscité l’intérêt et retenu l’attention de notre sponsor, la Région Nouvelle-Aquitaine. Et donc, on y travaille depuis bientôt deux ans.

Comment définissez-vous le projet FrancophoNéA ?
Qui sont les différents acteurs du projet ?

Le projet de recherche néo-aquitain sur les francophonies est un projet qui fédère les six universités de la région : Limoges, La Rochelle, Poitiers, Pau et Pays de l’Adour, Bordeaux et Bordeaux Montaigne autour d’une idée ouverte et évolutive de la (F/f)rancophonie, aussi bien institutionnelle que linguistique. En tout cas francophonies au sens large et complexe depuis la naissance du praxème francophonie au 19ème siècle par la trouvaille du géographe Onésime Reclus en passant par le célèbre article de Senghor paru dans la revue Esprit en 1962 (« Le français, langue de culture ») jusqu’aux avatars actuels de la francophonie politique qui prend en compte les réalités culturelles, sociales, économiques et linguistiques des territoires où le français est pratiqué et/ou « familier ».

Quelles sont les missions du projet FrancophoNéA dans le champ universitaire ?

La mission principale est d’impulser une collaboration, d’encourager le travail interdisciplinaire et inter-établissements et, pour ce faire, cinq axes ont été cernés : Numérique, Transferts, Développement durable, Création et culture et Éducation et plurilinguisme. Ces axes permettent de circonscrire un tant soit peu l’océan, l’univers de la francophonie, et de faire en sorte que des énergies, des esprits, des projets à venir ou en cours puissent converger. Et qu’enfin, on joue jusqu’au bout le jeu de l’interdisciplinarité dont-on parle beaucoup mais qu’on pratique rarement.

Quelle est la durée du projet ? (Court, moyen, long terme, etc.)

Le projet s’articule en deux phases, une phase d’amorçage qui s’est terminée à la fin de l’été 2021 avec quelques petits retards liés essentiellement à la crise sanitaire et une phase de consolidation. Nous sommes en plein phase de consolidation. Celle-ci va durer quatre ans donc jusqu’à 2025. Et l’idée est que ces deux phases, amorçage et consolidation, représentent aussi les prémices pour un développement ultérieur sous forme de pérennisation du réseau, grâce à la réponse à des appels à projets locaux, régionaux, nationaux et internationaux.

Pourquoi êtes- vous engagé dans ce projet ?

Lors d’une réunion du Réseau en juin 2021, j’ai reçu la proposition de coordonner scientifiquement FrancophoNéA : cette invitation représentait la seule possibilité pour moi d’accepter une telle responsabilité. Je coordonne aujourd’hui le réseau en prenant la relève de Frédéric BOUTOULLE, un collègue qui a fait un excellent travail avant moi en phase d’amorçage, et que je tiens à remercier ici.

Quels sont les résultats attendus sur le long terme ?

Le projet s’inscrit dans la durée. À terme, nous pourrons mesurer la qualité du travail que l’on aura mené pendant ces années. Les différents axes avancent grâce au travail d’équipes restreintes et inter-établissements. Quelques projets ont été déjà déposés, un projet région, par exemple, sur les langues régionales de Nouvelle-Aquitaine. D’autres projets se mettent en place. Il y a aussi des projets en cours qui quelque part se sont reconnus dans la mission de FrancophoNéA, une sorte de toile de fond ou écosystème scientifico-culturel où pouvoir étoffer et renforcer les contenus de ces projets en vue de candidatures à venir encore plus ambitieuses. Par exemple, avec le collègue Omar FERTAT, nous réfléchissons sur le prolongement d’un beau projet qu’il porte et qui s’intitule Frontières sur la fertilisation du savoir à travers les arts. L’idée est, plus tard, de faire de ce projet, grâce à FrancophoNéA, un projet européen, sans doute dans le programme Europe Créative. Nous verrons bien si, dans le temps, cette pépinière donnera lieu à des « infrastructures » scientifiques.

Quelles sont les perspectives du projet ? Ambitionnez-vous de l’élargir ? Avez-vous de potentiels partenaires ?

Les partenaires potentiels sont innombrables. D’autant plus que c’est un réseau pluridisciplinaire. Des expertises diverses dans les domaines les plus variés sont exigées – j’ai évoqué ci-dessus l’axe Développement durable qui est un axe porteur d’avenir, mais j’aurais pu donner l’exemple aussi de l’axe Éducation et plurilinguisme, qui dialogue bien avec le premier : dans certains pays où l’analphabétisme est encore trop important, cela ralentit, voire plombe le développement même du pays… Tout se tient, donc les partenaires peuvent relever de la sphère publique, de la sphère privée et de la société civile. Notre problème à nous, c’est justement la maitrise de cette complexité et de cette richesse, qu’il faut traduire dans des chantiers concrets et accompagner durant toute la durée du projet. Sachant que dès la phase d’amorçage, je réfléchis régulièrement au futur : il se peut que ce réseau devienne demain une association, ou en tout cas une entité dotée d’un statut juridique. Tous les acteurs impliqués dans FrancophoNéA souhaitent une continuité et une projection dans l’avenir.

Entretien réalisé par Azimatou OUEDRAOGO